Ce milieu de vie favorise la prise en charge, le développement d'habiletés sociales, l'autonomie et la réinsertion sociale des jeunes dans le but de reprendre le pouvoir sur leur vie.
Il se traduit par un apprentissage de la vie de groupe et des habitudes de vie : respect des règlements, tâches ménagères, hygiène, alimentation, loisirs, budget, orientation et intégration professionnelle, conscientisation au processus de changement.
Des lieux de participation ont été mis en place pour développer chez les jeunes leur participation, leurs compétences, leur estime de soi et leur conscience critique. Ils ont été créés en utilisant des pièces de la Maison, telles que les ateliers de cuisine et le Café du cœur dans la salle de musique. Il y a d'autres lieux de participation à l'extérieur de la Maison, le terrain multifonctionnel et l'atelier d'ébénisterie.
L'empowerment correspond au pouvoir d'agir et au droit que les personnes ont de participer aux décisions qui les concernent. L'approche est axée sur des relations et des valeurs d'égalité, de justice, de solidarité et de partage.
La Maison Raymond Roy est une maison d'hébergement pour jeunes adultes en difficulté ou sans abri de 18-29 ans. Elle est ouverte 24 h/24, 365 jours par année et possède 9 chambres, qui sont à la disposition des jeunes au coût de 9 $/nuit ou 250 $/mois, nourriture incluse et accès à une salle de lavage. Le temps d'hébergement peut varier d'une nuit à 6 mois, renouvelable dépendamment du besoin du jeune.
Les principales problématiques vécues par les jeunes, qui les amènent à se retrouver sans abri ou en grande difficulté, sont d'ordre : familial, pauvreté, détresse psychologique, mésadaptation sociale, emploi et surconsommation.
La Maison Raymond Roy se veut un lieu d'appartenance et d'enracinement. L'équipe d'intervenants qui y travaille vise à ce que les démarches entreprises par les jeunes pendant leur séjour, ainsi que les valeurs communautaires qu'elle prône, aient une suite après le départ des jeunes. Le fait de poursuivre les démarches déjà amorcées permet à chacun des anciens résidents de continuer à augmenter son pouvoir d'agir sur sa vie et sur son milieu. Étant donné que la poursuite desdites démarches est loin d'être toujours évidente, un soutien est offert sur une période prolongée. Ce dernier se définit par des rencontres individuelles avec les jeunes, afin de les écouter, de les soutenir et de les guider sur les différents choix qui s'offrent à eux tels que la vie en colocation, la vie de couple, la consommation, les programmes d'aide sociale ou d'assurance-emploi et bien d'autres.
Qu'est-ce qui m'a amené à la Maison Raymond Roy?
La principale raison qui m'a amené à la MRR est un problème de santé mentale. J'ai eu un diagnostic à l'automne 2009. Je suis atteint du trouble de l'anxiété généralisée. L'anxiété est une émotion humaine que tous peuvent éprouver lors de situations dangereuses. Cette émotion est utile, car elle maintient l'esprit dans un état alerte. Cependant, lorsque cette émotion est vécue de façon régulière et sans raison dangereuse, elle est handicapante dans la vie de tous les jours; le travail, les études, la vie sociale et affective sont affectés.
À partir du diagnostic jusqu'à maintenant, j'ai dû composer avec la dure réalité de la pauvreté. Avant d'avoir mon diagnostic, j'ai eu des échecs scolaires importants. J'ai aussi perdu des emplois à répétition. C'est ce qui m'a amené à l'aide sociale. Avec l'anxiété sont venus les abus d'alcool pour calmer cette dernière. En mai 2010, j'ai dû donner un chèque d'aide sociale au complet pour avoir un toit sur la tête. J'attendais alors un retour d'impôts qui n'est jamais venu. Il a servi à payer une bourse versée en trop. J'ai dû demander de l'aide. Tout d'abord, la MRR m'a apporté la sécurité avec la certitude d'avoir un logement et de la nourriture. Et aussi du support pour me sortir de mon isolement. Depuis que j'avais eu mon diagnostic, j'avais beaucoup de difficulté à sortir de chez moi. Ma vie sociale était très limitée. J'ai eu de l'aide pour mettre un plan d'action pour me remettre en selle. J'avais un retour aux études en tête et je voulais me trouver un emploi pour me sortir de la pauvreté.
Cela fait plus de 4 ans que je connais la MRR. Depuis ce moment, il s'est passé beaucoup d'évènements dans ma vie. J'ai occupé, maintenu et perdu des emplois. J'ai passé à une journée travaillée d'avoir mon premier emploi syndiqué. J'ai suivi le processus normal pour être syndiqué. Au test médical, j'ai ouvert les livres. J'ai tout dit. Que j'avais un trouble d'anxiété généralisée et que j'avais déjà fait des dépressions. Mon employeur ne m'a pas dit que c'était pour ça que j'ai été licencié, il ne pouvait pas, mais je juge que c'était pour ça. J'ai réussi des cours et j'ai abandonné mes études. J'ai maintenu un appartement et j'ai aussi dû en quitter à cause de ruptures amoureuses ou de colocations conflictuelles. J'ai eu des réussites et des échecs. J'ai eu à revenir à la MRR plus d'une fois, 7 fois en tout. J'ai aussi cessé définitivement l'alcool. J'ai plus de 3 ans d'abstinence. J'ai aussi fait un stage de 3 semaines en France cette année.
Ce que je retiens de mon parcours, c'est que je fais tout pour améliorer ma situation. Pour me sortir de la pauvreté. Pour apprendre à composer avec mon trouble d'anxiété généralisée au travail, aux études et dans ma vie personnelle. Et aujourd'hui, je suis encore sur l'aide sociale. J'ai appris à composer avec mon trouble, mais il m'est toujours difficile d'occuper un emploi dépendant du domaine. Malgré mon pessimisme disons viscéral, j'essaye de voir le positif. J'ai parcouru beaucoup de chemin depuis 2009. Cependant, tout ce que je vois, c'est le chemin qu'il me reste à parcourir. Mais le plus positif dans tout ça, c'est que je suis encore en vie et que je suis devant vous pour vous parler de mon vécu. C'était tout un défi à réaliser.
Je vous souhaite un bon spectacle avec Robert Charlebois, qui supporte des jeunes qui n'aspirent souvent qu'à être «ben ordinaires».
- Témoignage de Marc-Antoine lors d'un spectacle bénéfice 2014